lundi 21 décembre 2009

mardi 8 décembre 2009

Pastel Ashtray

L'amandier en fleurs


Van Gogh, 1890

Devant mes yeux, les branches d’un amandier paré de fleurs blanches sur un ciel bleu d’hiver. Cette image est un tableau de Van Gogh que j’ai vu à Amsterdam et qui m’a littéralement transcendé. Etait-ce parce que la visite du musée s’est faite dans une heure tardive au son d’un majestueux piano à queue diffusant des airs mélancoliques contre les toiles du peintre ou cette photo de ma mère, prise à la dérobée par mon père devant cette peinture qui me rappelle un beau voyage? Peut-être simplement que j’ai perçu dans ce tableau toute la profondeur de l’existence, sa légèreté et son poids constituant son insondable essence. J’ai touché le fond de quelque chose en pénétrant dans la matière, puis suis remontée à la vie, agrippant mes doigts aux branches de l’arbre, j’ai vécu une renaissance et vu le printemps éclore sous mes yeux. Une sage conscience s’emparait de moi, vivre paisiblement en acceptant que tout s’écoule toujours, tout passe, rien ne stagne, vieille philosophie grecque. On n’empêche pas le temps de fendre l’espace. Dès lors, c’est vers la sagesse que nous mène notre existence, malheureusement je ne peux me départir de l’idée que cette prise de conscience tranquille soit amère. Qui souhaiterait sincèrement vivre en pensant chaque jour au temps qui s’échappe comme du sable entre ses doigts ?

J’ai grandi avec ce tableau sur ma tête, j’avais acheté à la boutique du musée, une affiche de l'amandier en fleur de Van Gogh que j’ai installé dans la maison, au-dessus de mon lit. Elle était juste à côté de l’ange gardien que j’avais reçu pour mes sept ans. Un petit chérubin doré à la feuille sans lequel je n’aurai pas pu dormir, tout comme ce grand foulard en soie imprégné du parfum de ma mère qui me rassura de nombreuses fois quand seule dans le noir je luttais contre mes angoisses. Des objets dont je me suis détaché en grandissant, mais dont l'image n’a jamais cessé de revenir danser dans ma tête, et le Van Gogh illumine mon esprit d’espoir, l’arbre est en bourgeon, tout recommence immuablement, l’éternel retour des choses simples, un perpétuel recommencement qui ne serait pas un cercle mortifère nietzschéen, juste l’ordre de l’univers où l’homme doit apprendre à accepter sa finitude sans souffrir en martyre. Mais comment passer de la prise de conscience à l’acte de changement ?

Vivre l’émotion de la peinture nous permet de toucher le Beau, idée abstraite suprême liée à son plaisir inhérent. C’est la découverte d’un bonheur fugitif, à mettre dans le même sac que la jouissance physique et le rire que Georges Bataille assimilait à l’approche du vide, du tout, du rien, de l’éternité, de l’infini. Malheureusement, percevoir la force de vie d’un tableau renvoie immanquablement à la douleur que cette Beauté procure en nous. Parce que ces moments d’absence mystique au contact d’éléments sensibles à nos yeux, nous transportent au-delà de notre condition finie d’homme passant sur terre. L’esprit dépasse largement le corps, il court, il est déjà loin devant. Il se faufile dans tous les recoins du vécu, dans les souvenirs les plus fous, il invente l’avenir, il procède à des mélanges qu’il recrache dans les rêves, il fait parler les milliers de petites traces de pinceau d’une toile de maître. C’est alors qu’on a mal de comprendre toutes les petites choses justement, marre d’entendre sans cesse les rouages de son cerveau. Dès lors, la sagesse absolue est inatteignable, c’est bien notre malheur, elle restera un but à atteindre pour nous rendre chaque jour un peu meilleur.

mercredi 2 décembre 2009

mardi 1 décembre 2009

lundi 30 novembre 2009

Rois du glam kitch

Photographie peinte de Pierres et Gilles

Parisiens ou gens de passage dans la capitale, allez vite voir l'exposition "Wonderful town" des artistes Pierre et Gilles à la galerie Jérôme de Noirmont et découvrez ou redécouvrez ce couple d'hallucinés qui travaillent main dans la main (...) depuis plus de trente ans pour nous offrir ces perles kitchissimes que sont leurs portraits photographiques retouchés à la peinture. Parmi leurs modèles d'éphèbes  ultra-érotisés, corps musclés, imberbes et luisants, ou moulés dans un T-shirt marin à la Jean-Paul Gaultier, vous verrez également quelques personnalités connues comme Mathieu Chedid, le Jack-in-the-box de la photo au-dessus. Des personnages magnifiés, divinisés dans des décors absolument surréalistes, parfois édéniques, souvent apocalyptiques, dans un tourbillon de fleurs, strass, paillettes et de cadres tout aussi dignes d'intérêt que ce qui trône dedans.  J'adore!

Le pitch de l'expo par Pierre et Gilles : "Wonderful town, chacun l'imagine comme il veut... C'est un peu comme dans un film : un monde imaginaire où plein de choses se passent, joyeuses ou tristes, où les fantasmes s'expriment..." 

Wonderful town. Jusqu'au 23 janvier. Galerie Jérôme de Noirmont, 38 av. Matignon, Paris 8e. Lundi-samedi, 11 h-19 h

Portfolio et infos sur les artistes sur le site de la Galerie Jérôme de Noirmont lien

Regardez aussi l'article du Point de Mina San Lorenzo lien

dimanche 29 novembre 2009

Poules de luxe



Véritable poule mise en beauté par l'artiste français Alexandre Nicolas. Ce flyer a attiré mon regard alors que j'allais au cinéma à Bruxelles. En fait, j'ai ri et je voulais partager ce petit plaisir avec vous. 
Si par hasard vous faites un tour dans la capitale européenne, allez jeter un coup d'oeil à ces Poules de Luxe. L'exposition a lieu jusqu'au 20 décembre 2009 à Jonas Gallery, rue de Flandre, 35 Vlaamsesteenweg. Ouvert le jeudi, vendredi, samedi de 13 à 18h30.

La particularité du travail de l'artiste est la mise en inclusion de ses oeuvres dans du cristal de synthèse, si bien que tout apparaît comme mis sous cloche ou sous vide.  Je vous invite à aller sur le site d'Alexandre Nicolas pour voir d'autres  des ces oeuvres, notamment sa collection de foetus parmi lesquels on retrouve celui d'Hitler ou de Superman et sa collection "Les Organiques", avec l'indispensable Bijou de Moule. Je vous laisse imaginer. 

Allez voir également Jonas Gallery

Une fable jubilatoire

Tom Brodinsky, en vacances avec femme et enfants, prend la sage décision d’arrêter de fumer. Satisfait de lui-même et après avoir extirpé les dernières bouffées de son ultime cigarette, il envoi valser son mégot dans les airs, par dessus le balcon de sa chambre d’hôtel. Mais alors que la petite tige incandescente aurait dû finir en étincelle quatre étage plus bas, puis écrasée sous la semelle d’un passant inconnu, voilà qu’elle achève sa course folle fichée sur le crâne du voisin d’en dessous, qui se met à hurler comme un truie égorgée. 
Un accident malencontreux qui aurait été considéré de la sorte, si Tom avait été chez lui, quelque part entre l’Angleterre et les États-Unis et si l’impact du projectile sur la peau de la victime n’avait causé une boursouflure suintante, et qui plus est infectée. Pour ajouter à sa malchance et compliquer l’affaire, l’homme atteint par le mégot appartient à la célèbre famille Intweneefortee, de la très singulière tribu Tayswengo.
Dès lors Tom est bloqué dans le pays jusqu’à complète réparation de ses actes. Sa femme et ses enfants sont partis, il se retrouve dans l’incompréhension la plus totale à devoir se défendre des accusations de tentative de meurtre - avec préméditation - qui pèsent sur lui. Les explications de son avocat concernant le système de juridictions s’avèrent être aussi énigmatiques que le personnage qui les profèrent ; un dénommé Swai-Phillips, indigène retors à l’œil crevé, affublé d’une coiffure grotesque, roulant en quatre-quatre. Quant au consul honoraire en charge de l’aider, c’est un homme affable mais ses propos, qu’il ponctue de « euh » lancinants très énervants, ressemblent davantage à des énigmes qu’à des éclaircissements. Tom est en manque de nicotine, démuni face aux arcanes judicaires d’un pays où le droit coutumier a valeur de référence, obligé de suivre les instructions des farfelus personnages qui l’entourent. 
Tom doit donc « redresser ses torts ». L’unique moyen : s’acquitter de sa dette auprès du clan fâcheusement outragé, les Intweneefortee. Mais cette dette n’a pas le prix pécuniaire qu’il imaginait. Accompagné de son guide Gloria et de Prentice, un criminel « tripoteur de gosses », Tom va devoir traverser plusieurs milliers de kilomètres pour se rendre aux confins du pays et remettre son dû à un étrange chef de tribu. 
S’engage alors un road trip rocambolesque dans un monde post apocalyptique où tout semble trouver justification dans la pure absurdité d’un système poussé à son paroxysme. Les régions traversées apparaissent dévastées par des guerres aux enjeux irrationnels, les lois qui régentent le pays existent uniquement parce qu’elles trouvent leur origine dans des coutumes locales tout à fait extravagantes, et enfin, les habitants de ce désert lunaires sont tous parfaitement cinglés. 
Impossible de ne pas voir dans cette fresque infernale les travers angoissants de notre société moderne. Les conflits raciaux que livrent les différents peuples et les enjeux grotesques qui les animent trouvent aisément écho dans la réalité de notre monde actuel. Dès lors, nous sommes pris dans une critique sociale acerbe, une satire du néocolonialisme occidental qui trouvent toute sa valeur dans l’imagination débridée de l’auteur. Si tout n’était pas aussi farfelu et drôle – il faut bien l’avouer -, l’univers dantesque que dépeint Will Self pourrait se lire comme une terrifiante prophétie. 
Si vous aimez les fables terrifiantes aux contours satiriques à la Kafka ou les contes philosophiques voltairiens (et même si vous ne connaissez pas découvrez Le Crocheteur borgne, L’Ingénu, La princesse de Babylone, Le Taureau Blanc et bien sur Zadig a qui nous devons le nom de la célèbre marque) ce livre est pour vous !

No Smocking, Will Self traduit de l'anglais par Francis Kerline (L'Olivier, 2009)
345 pages / 21 €

Retrouvez toutes les informations concernant Will Self : publications, articles, revues de presse sur son site. lien
Bonus :  Will's writing room in 71 photos lien
Lisez aussi l'entretien de Will Self par Nelly Kaprièlian sur Les Inrocks.com

samedi 28 novembre 2009

Le rêve du chewing-gum

Violence sur ligne jaune




Ostende, bout du monde





" Un soupçon de fadeur 
Un rien de tragédie 
Et je pleure 
Mon collyre 
Ma colère "

A Ostende (extrait) / Climax 1  / Alain Bashung